Marché de Rungis : ça change de la Tour Eiffel...

Il est 4 h 30, Paris va s’éveiller et nous avons sommeil mais le rendez-vous est fixé à cette heure-là, place Denfert-Rochereau. Et en effet, le bus  est bien là qui nous attend.

Jacky notre guide, ancien restaurateur reconverti, contrôle les arrivées au fur-et-à-mesure. Il coche avec son Bic bleu. A l’intérieur du bus, France-Info tente de réveiller les premiers arrivants. Il y a là un couple de parents qui a reçu ce voyage comme cadeau de Noël de la part de ses enfants « je ne sais pas si je dois les remercier ou les maudire » grommelle le père, la mère, bloggeuse culinaire, est ravie. Il y a un jeune apprenti cuisinier qui se paye cette sortie, « c’est une grosse somme pour moi mais je veux voir », quatre collègues d’une agence bancaire qui ont atteint leurs objectifs commerciaux, deux touristes russes qui ont l’air un peu perdu et nous et d’autres, une petite vingtaine en tout. le bus démarre, direction  Rungis et son marché international, le plus grand marché de produits frais au monde.

Mais quelle idée ? Et bien simplement envie de voir à quoi ressemble ce marché dont tout le monde a entendu parler et une organisation que peu de gens connaissent : on peut visiter Rungis pour 80 € par personne, au départ de Paris, avec un guide, six pavillons et un petit-déjeuner avec fromages et vin rouge presque à volonté, ne faites pas la moue, après trois heures de marche, vous aurez faim ! Les visites sont planifiées exclusivement le deuxième vendredi de chaque mois (hors mois d’août). Avouez que ça change de la Tour Eiffel ! 

Mais reprenons au début, pas de chants dans le bus, bien que cela ressemble à un départ en colonies de vacances. Jacky chauffe l’ambiance  avec des chiffres qui forcent l'admiration : le plus grand marché de produits frais au monde ! 232 hectares ! 1 200 entreprises implantées ! 1,5 million de tonnes de produits à l’arrivage ! 24 000 passages journaliers ! Et plein de pavillons comme pour une foire expo : produits de la mer, produits laitiers, fleurs, viandes, tripes…et même matériel et emballage, tout ça pour 18 millions d’européens desservis chaque jour ! Dont 11 millions de français ! Le silence règne dans le bus, l’apprenti prend des notes. Jacky rassure « pas de panique Mesdames, on voyagera en bus entre les pavillons ! », il ne serait pas un peu macho notre Jacky ?

En arrivant, hygiène oblige, distribution « d’équipements d’hygiène », enfin, une jolie casquette qui donne l’air d’un coureur et une blouse jetable ! Rien de tel que l’uniforme pour la cohésion du groupe. Et c’est parti sous la conduite de notre super guide, nous ne sommes pas les seuls, on découvre une activité touristique insoupçonnée, mais Jacky connait les raccourcis et les bons circuits . On commence par la marée, mais là c’est presque déjà trop tard, on remballe les invendus, on fait les dernières bonnes affaires, dans les  caisses à l’arrière, ça compte et ça facture, top là.

Le pavillon de la viande est sans doute le plus impressionnant, on dirait une installation du Centre Beaubourg : la répétition dans l’art, l’art de la répétition, les carcasses sont alignées comme  pour défiler le 14 juillet, c’est un peu sordide, il fait froid, mais c’est fascinant, « là c’est la noblesse de Rungis, vous n’imaginez pas combien peut se vendre une carcasse ! Un Kobe c’est plus de 10 000 euros ! ». On comprend mieux pourquoi l'épreuve de Top Chef se déroulait dans ce pavillon. Jacky tente une diversion : « On ne fait pas le pavillon de la tripe ? Hein ? », bien joué mais raté, il a à faire à une bande d’enragés ce matin, on veut tout voir.

La triperie s’est refait une santé depuis la crise de la vache folle, les abats sont de nouveau à la mode et Cyril Lignac vend son ris de veau de la Corrèze à 57 euros au Quinzième. De belles têtes de veau pendent, dans l’attente d’une sauce gribiche, et on perçoit mieux la rudesse de l’injure « parigots, têtes de veau ». Un porcelet, comme un chapeau dans un carton, prend la pause. La poubelle de déchets provoque quelques haut-le-cœur.

Il est temps de rejoindre le pavillon des fleurs pour terminer la visite, inspirez, expirez, là on sent que cela n’intéresse plus Jacky, il nous laisse visiter seuls. L’activité semble au ralenti, la Hollande a pris le dessus et pourtant on trouve des bouquets de mimosa grands comme des arbres ou de minuscules bouquets de pensées et même un manège en polystyrène pour y piquer des fleurs, qui peut acheter ça ? Notre couple russe est très intéressé…

C’est l’heure du  petit déjeuner « pour les Dames » et du casse-croute » pour les Messieurs », Jacky ose tout, nous sentons l’incident diplomatique avec la Bloggeuse mais ça passe, « dix-huit restaurants à Rungis ! » ça continue avec les chiffres. C’est aussi un temps pour échanger, Jacky le fier-à-bras raconte la faillite de son restaurant, l’émotion est palpable,  et il nous dit qu’il ne faut pas écouter les histoires de restaurateurs qui se lèvent tôt pour venir faire le marché « c’est fini ce temps-là, c’est des trucs qu’on raconte pour faire rêver les clients, aujourd’hui ils se font tous livrer », allez à la tienne Jacky !

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Marché de Rungis

1 rue de la Tour, 94150 Rungis (cliquez sur l'adresse pour afficher le plan)

Pour en savoir plus sur Rungis : www.rungisinternational.com

C’est vraiment une visite à faire (« L’idéal ? C ‘est avant Noël pour la forte présence des produits nobles. », conseil de Jacky, dont le prénom a été changé), plusieurs organisations le proposent, telles que :

Inscriptions sur www.visiterungis.com

Téléphone : 0811 69 44 11

Visite de Rungis pour 80 € par personne. Cette offre est réservée aux individus qui souhaitent rejoindre un groupe pour visiter Rungis (pas de visites individuelles) - Groupe minimum : 25 personnes. Visites planifiées exclusivement le deuxième vendredi de chaque mois (hors mois d’août). Rendez-vous à 4 h30 place Denfert-Rochereau à Paris. Retour à 10 h 30 au même endroit. Itinéraire : durée de 3 heures (de 5h05 à 8h05) - Circuit : Visites des différents pavillons.

La prestation de la visite de Rungis comprend :

• Le transfert aller/retour Paris-Rungis en bus.
• le transfert, en bus, entre les pavillons
• un guide professionnel habilité
• Le droit d’accès.
• Les assurances.
• La fourniture d’équipement d’hygiène.
• Un petit déjeuner «Rungissois».
  
  

Comments

[graillon]

Encore un bon billet, je ne me lasse de vous lire. Ca change des blogs gastros habituels. Concernant Rungis, j'imagine qu'il n'y a pas d'autre moyen que la visite officielle avec guide obligatoire moyennant 80 euros ( bigre somme !) . J'ai lu que les frais de dossiers s'élevaient à tant, plus tant le péage, sans compter transports équipements ( assurances ?? ).. On doit bien s'y retrouver au final ave ce copieux petit dej casse croûte ?

[coco de Nice]

superbe reportage qui fait envie malgré l'heure plus que tardive .. heu non , pas tardine , mais très matinale .. de cette visite

zhom déclare déjà forfait .. alors peut être un jour ...

merci de nous en avoir fait profiter virtuellement

[Magali]

Merci pour cet article génial... je ne savais pas que l'on pouvait faire du tourisme à RUNGIS, mais alors là je suis scotchée... au prochain passage à PARIS, j'irai voir les "P.... têtes de veaux". Merci pour le partage. Magali

[Alain]

ça c'est une bonne idée de promenade ! je ne savais pas que c'était possible mais à condition que Madame Arabian ne vienne pas me réveiller comme hier dans top chef ^-^



Alain

[HUGO]

l'idée du dessert à la viande n'était pas la meilleure idée de TOP CHEF ! Par contre quelle classe ces bouchers du pavillon ! des seigneurs !