Lounge Eiffel - Paris 7 : Very bad trip...
Imaginez, vous commandez chez votre pâtissier préféré un Paris-Brest pour quatre, vous l’avez déjà payé puisqu’on vous l’a demandé, vous venez le chercher et là on vous dit « Nous sommes désolés nous n’avons pas de Paris-Brest aujourd’hui mais nous vous avons préparé une tarte aux pommes que voici ». Vous n’aimez pas la tarte aux pommes ? Et alors ?
Imaginez, vous réservez un voyage pour Madère, vous l’avez déjà payé, bis repetita, et là, à l’aéroport, on vous dit « Nous sommes désolés, vous n’étiez que quatre à vouloir partir à Madère, où d’ailleurs il fait froid et il n’y a personne, aussi nous vous embarquons sur le vol pour Djerba, vous allez voir c’est formidable, embarquement immédiat ». Vous n’aimez pas Djerba et son tourisme de masse ? Et alors ?
Et bien c’est un peu ce qui nous est arrivé dans un des cinq restaurants de la Tour Eiffel, pas le Jules Verne du Chef Ducasse, mais le Lounge Eiffel de la société Millenia dont Alain Ducasse est administrateur et dont le Chef est Alain Soulard, un ancien du Jules Verne souligne le site web ou encore du Relais du Parc où dit-il « … Mon travail consistait à conserver l'esprit de la cuisine d'Alain Ducasse sur des volumes importants... ». Ce n'est pas un restaurant Ducasse mais que vient faire The Chef dans ce business ?
Nous avions donc réservé (et déjà payé, amis restaurateurs prenez-en de la graine de gestionnaire !) une table pour deux dans ce restaurant dont on nous dit depuis quelques mois déjà qu’il est éphémère : « … Une ambiance lounge et chaleureuse ! Venez découvrir la nouvelle adresse Lounge du 1er étage de la Tour Eiffel : le Lounge Eiffel. Un restaurant éphémère moderne et convivial. Cet espace chauffé et entièrement vitré dispose d’un véritable bar à cocktails rétro-éclairé et d’une terrasse offrant une vue imprenable sur le champ de Mars. Un lieu unique idéal pour vivre une expérience inoubliable au cœur de la Tour Eiffel ! ». Le menu ne transpire pas la créativité, le Chef ne fait pas la Une des gazettes gastronomiques mais il est décrit comme un Chef de l’équipe Ducasse et 85.50 euros « pour une expérience inoubliable »… Ça se tente !
Et c’est là que l’histoire devient inoubliable, mais pas pour les bonnes raisons. Imaginez, vous arrivez au Lounge Eiffel, en fait au 58 Tour Eiffel, la « brasserie chic » du premier étage de la Tour, tour qui est fermée ce soir-là pour cause de gel. Un peu étrange, nous voici donc deux parmi des groupes de touristes. Nous identifions une jeune femme de l’organisation à qui nous demandons si elle peut nous indiquer le chemin de l’éphémère restaurant… et là commence une scène jamais vue de notre vie de gastronomes :
- Je suis désolé Messieurs mais le Lounge est fermé ce soir en raison des conditions climatiques, donc vous dînez ici au 58.
- Madame, je crois que cela ne va pas être possible, ce n’est pas ce que nous avons réservé et nous n’aimons que l’on nous impose des choix sans nous associer.
La dame, ennuyée, appelle le Directeur du restaurant, voici Thomas Revillion.
- Bonsoir Messieurs, soyez les bienvenus, en effet ce soir le Lounge est fermé en raison des conditions climatiques.
- Très bien mais vous auriez dû nous prévenir, nous ne nous serions pas déplacés et nous ne voulons pas que vous nous imposiez un changement de restaurant sans nous consulter.
- Oui Messieurs, vous avez raison, d’ailleurs je peux vous installer au Lounge mais il y fait dix degrés, je vous fais visiter si vous voulez ?
- Mais vous nous dites qu’il est fermé et maintenant vous nous nous proposez d’y aller en nous gelant ? Par ailleurs nous ne sommes pas venus pour visiter !
- Non, nous ne nous comprenons pas, je peux vous y installer mais vous ne serez que deux.
- Comment ça ?
- Oui, ce soir nous n’avons eu que deux réservations pour quatre personnes, donc on n’ouvre pas.
- Mais on croyait que c’était fermé et qu’il y faisait froid ?
- Non, je vous installe mais vous ne serez que deux, ce qui ne sera pas très agréable.
- En effet, nous n’avons pas demandé à privatiser le restaurant !
Le ton monte devant ce que nous qualifions de manière grossière « d’un foutage de gueule », et de manière plus posée d’une démarche peu commerciale, voire limite malhonnête. Que d’explications différentes en dix minutes ! Nous ne voulons qu’une chose : partir au plus vite et être remboursés. Nous signalons pour la transparence à notre interlocuteur que nous avons un blog dans lequel nous relaterons notre mésaventure.
- Pas de problème Messieurs, vous êtes libres de partir…
- C’est la moindre des choses ! Mais merci de nous donner un document signé de votre part demandant ce remboursement car vos conditions de vente ne le permettent pas.
Il revient avec sa carte de visite sur laquelle est écrit ce message « Rembourser, les clients ne voulant pas dîner seuls au Lounge » et voilà comment nous devenons responsables de l’incident : nous faisons un caprice ! incroyable...
Persuasifs, et surtout très en colère, nous obtenons finalement notre "attestation", à nous maintenant de contacter la société pour demander le remboursement, affaire à suivre, aucun mot d’excuse, juste,en boucle, cet agaçant « Je ne sais pas quoi vous dire ». Et pourtant cela aurait été si simple : d’abord s’excuser, ensuite ne pas nous mener en bateau, reconnaître qu’appeler les deux tables pour les prévenir était facile à faire et surtout le faire, ne pas imposer un choix et en tous les cas proposer immédiatement le remboursement. Il faudra attendre le lendemain un coup de fil de notre interlocuteur, moins arrogant et moins moqueur que la veille et qui enfin s’excusera, mieux vaut tard que jamais.
Il semble urgent que l'administrateur Alain Ducasse conseille la société Millenia ! En tous les cas, le Chef a de drôles de fréquentations au 1er étage de la Tour Eiffel, en fait Sodexo Prestige, comment dit le proverbe déjà ? Ah oui, « qui trop embrasse, mal étreint » .
PS1 : Enervés, gelés, affamés, nous avons retraversé Paris pour nous retrouver à La Rallonge, là on sait tenir ses promesses, pas de vue sur le Champ de Mars et pas de concept éphémère, seulement du réel, du vrai, oh que c’est bon ici ! Merci Chef Maillard .
PS2 : Déliceux mail reçu de la Société le lendemain : " Nous avons eu le plaisir de vous accueillir dans notre restaurant et espérons que vous avez passé un agréable moment..." ou quand trop de marketing tue le marketing.
VOUS AIMEZ ? Dîtes-le... c'est juste en dessous.