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Les bonnes tables (ou pas) de Jack et Walter
5 avril 2013

Auberge Ravoux - Auvers-sur-Oise : un déjeuner à la Maison de Van Gogh

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Depuis quelques jours il existe un drôle de train qui part de la Gare du Nord à Paris et qui vous conduit en moins de quarante-cinq minutes à Auvers-sur-Oise, là où Vincent Van Gogh passa les derniers mois de sa vie à peindre de manière presque frénétique un, voire deux ou trois, tableau par jour. Cela ne vous dit rien ? Peut-être alors qu’en revoyant ce tableau de l’église d’Auvers-sur-Oise ou ce vol de corbeaux au dessus d’un champ de blés vous reverrez des scènes du film de Pialat où Jacques Dutronc jouait le rôle du peintre.
L’Auberge Ravoux a été la dernière demeure de Vincent Van Gogh, il logeait sous les toits, dans la chambre numéro 5, une minuscule chambre mansardée, une petite lucarne, une peinture verte éteinte, pas de lavabo, une chambre spartiate où il était interdit de peindre mais où il était possible de faire sécher les toiles. Suite à la mort de Van Gogh ici même après avoir mis fin à ses jours, la chambre n’a jamais été relouée. On la visite aujourd’hui, la « chambre du suicidé » est dans un état identique à celui qu’a connu l'artiste et il est troublant de retrouver dans ces quelques mètres carrés l’âme du peintre, aucun tableau, même si le projet existe toujours de pouvoir un jour en accrocher un ici. Peut-être une des quatre-vingt toiles qu’il exécutât en soixante-sept jours ? ses derniers soixante-sept jours. Il faudrait pour cela réunir au moins trente millions d’euros, une coquette somme, mais au cas où la protection en verre qui l'acceuillera est déjà installée sur un des murs de la chambre, si un riche mécène lit ce billet, qu’il nous contacte…

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Mais revenons à l’objet de ce blog car nous sommes bien dans une auberge, Van Gogh y logeait mais y mangeait également. Adeline Ravoux, la fille de l'Aubergiste dont Van Gogh fit trois portraits, disait ceci : « On l’appelait familièrement Monsieur Vincent, il rentrait vers midi pour le déjeuner. Le menu était celui qu’on servait à l’époque dans les restaurants : viandes, légumes, salades, desserts. Jamais il n’a fait rapporter un plat ».
Nous non plus, nous n’avons pas fait rapporter un plat. Nous avons pris place dans cette petite salle à manger au rez-de-chaussée de l’auberge, ambiance XIXe siècle fidèle et réussie, ça sent la cire d’abeille. L’endroit est classé aux Monuments Historiques et l’auberge qui a rouvert en 1993 sous l’impulsion de son nouveau propriétaire, l’homme d'affaires belge Dominique Janssens, vous transporte avec élégance dans les années 1890. Joli comptoir en zinc, papier tue-mouche sans mouche, grand bouquet de saule tortuosa, petites chaises à l’assise en paille comme dans le tableau de 1888 qu’il avait peint à Arles et qu’on doit pouvoir voir aujourd’hui à la National Gallery à Londres, carreaux de ciment en trompe l’œil, jolis rideaux de dentelle blanche et, quelle chance, un rayon de soleil qui donne à l’auberge un joli teint de fille de la campagne. Van Gogh n’écrivait-il pas à son frère Théo « Ici on est loin de Paris, assez pour que ce soit la vraie campagne ».

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Le service en salle est adorable, le responsable du restaurant s’appelle Alain Gentil, cela ne s’invente pas. Le Père Ravoux n’est plus en cuisine, c’est aujourd’hui une femme. La Chef Clémence Mayrand qui, nous dit-on, est passée par les cuisines du Georges V, propose une belle cuisine qui oscille entre cuisine de terroir et cuisine bourgeoise, c’est une cuisine généreuse et  gourmande à l’image de cette incroyable terrine de canard aux noisettes et pistaches, une terrine qu’on vous laisse sur la table et que l’on tartine en riant sur des grosses tranches de pain de campagne, un pain qui a des parfums de foin et que l’on sauce sans retenue dans l’œuf meurette. Et depuis quand n’avions-nous pas gouté une soupe de pois cassés ? Une soupe qui vous réchauffe alors que dehors le soleil de printemps lutte contre le vent du nord. Une cuisine gourmande et généreuse comme ce gratin de pommes de terre, sans  fromage heureusement et qui pourtant gratine par la seule force de la crème. La même crème que l’on retrouve dans un très bon waterzooï de la mer (peut-être une recette du propriétaire belge ?). C’est une cuisine qui mitonne, qui prend son temps comme pour ce gigot de sept heures ou encore cette joue de porc confite dans le cidre. Les desserts seront moins convaincants, nous aurions dû prendre la mousse au chocolat ou le Salers affiné à l’épaisse croûte fleurie pour ne pas regretter cette figue et cette framboise qui ne sont  pas de saison, bien pâlottes et un peu fades, heureusement réanimées par un excellent croustillant comme une nougatine.

C’est vraiment un bel endroit ici, et mieux encore une bonne table, vous l’avez compris c’est un MIAM MIAM, parce que c’est bon, tout simplement. Sans doute aussi parce que c’est émouvant de mettre ses pas dans ceux  d’un artiste aimé. Sans doute enfin parce que c’est joyeux comme un dimanche à la campagne, comme une promenade au bord de l’Oise.
Attention réservation fortement conseillée ou alors croisez les doigts et tentez votre chance  (si vous pouvez, éviter le dimanche et ses deux services... et demandez "la petite salle").

 

Nous avons choisi le Menu du Père Ravoux, trois plats à 38 € :

  • Terrine de canard du Père Ravoux aux pistaches    => Notre coup de coeur
  • Oeuf meurette
  • Soupe de pois cassés au lard
  • Joue de porc au cidre
  • Gigot d'agneau de lait français dit "de sept heures", gratin dauphinois
  • Waterzooï du pêcheur et petits légumes
  • Poires amandines et chocolat servi tiède
  • Craquelin Ravoux aux fruits de saison

Terrine de canard du Père Ravoux aux pistaches Oeuf meurette Joue de porc au cidre Gigot d'agneau de lait français dit _de sept heures_ Gratin dauphinois Waterzooï du pêcheur et petits légumes Poires amandines et chocolat servi tiède Craquelin avoue aux fruits de saison (1)

 

                   Le pain     Bourgogne Pinot Noir Château de Davenay 2007  L'addition (4) : 215 €

Auberge Ravoux (10) Bourgogne Pinot Noir Château de Davenay 2007 (1) Auberge Ravoux (9)

 

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Auberge Ravoux (8)

Auberge Ravoux dite "Maison de Van Gogh"

Place de la Mairie, 95430 Auvers-sur-Oise (cliquez sur l'adresse pour afficher le plan)

Téléphone : 01 30 36 60 63

www.maisondevangogh.fr

Ouvert de mars à novembre. Déjeuner : du mercredi au samedi à partir de 12:00 et le dimanche premier service à 12:00 et deuxième service à 14:15. Dîner : vendredi et samedi de 19:30 à 21:00.

Attention : L'Auberge Ravoux accueille des tables jusqu'à dix personnes. Au delà, les repas sont servis dans la guinguette à l'arrière de l'auberge.

 

Retrouvez d'autres photos de l'Auberge Ravoux en cliquant sur :

BONUS PHOTOS !

 

VOUS AIMEZ ? Dîtes-le... c'est juste en dessous :-)

 

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Commentaires
M
Le lierre qui couvre les tombes des deux frères a séché.Il faudra revenir quand il sera vert.
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R
Magnifique ! voilà une belle idée de promenade gourmande, on vous fera un retour ^^<br /> <br /> merci!
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A
excellent, je ne savais pas et si proche de Paris. Allez hop j'embarque toute ma petite famille ! culture et gastronomie, ça me plait !
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Y
Merci, c'es beaucup de emotion de voir ca de Tokyo, vraiment merci
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