Sem Porta - Comporta : J’avais une villa dans l’Alentejo… - Les bonnes tables (ou pas) de Jack et Walter

14 novembre 2017

Sem Porta - Comporta : J’avais une villa dans l’Alentejo…

Si le Portugal est devenu une des destinations préférées des Français, tous ne connaissent pas Comporta, à une heure de route au sud de Lisbonne. Ce village est devenu à la mode depuis que les « people » en ont fait leur lieu discret de villégiature : Stark, Louboutin, Anselm Kiefer, Jacques Grange… et même Madonna y cherche une propriété depuis que son fils a intégré le Benfica de Lisbonne, c’est vous dire !
Mais passé ce moment Gala, c’est à la crise de 2008 que l’on doit la découverte de cette région préservée : les banquiers Espirito Santo font faillite et vendent une partie de la Herdade da Comporta, un territoire de cent vingt mille hectares qu’ils gardaient pour leurs invités et dit-on les chasses privées…

Les cinquante kilomètres de plages préservées s’étirent vers le Sud, protégés par les réserves naturelles et les maires communistes qui défendent l’écologie ! Résultat : aucun immeuble en bord de plage, aucun bétonnage comme en Algarve, la hauteur des constructions est limitée à trois mètres et demi, les cigognes s’y plaisent, entre océan et rizières.
Pour se loger, peu d’offres aujourd’hui, des villas de luxe cachées parmi les pins et les chênes liège, un camping, des auberges à la ferme, des lodges écologiques et Sublime Comporta !

L’histoire de Sublime est une histoire de réussite entrepreneuriale, Gonçalo Pessoa, pilote de la TAP et son épouse ont d’abord construit une maison de famille au milieu de dix-sept hectares de pin parasols, puis quelques chambres puis une quinzaine de cabanes très très chic avec cheminée et piscine privée. Un très bel hôtel qui fera l’objet d’un autre billet dans la rubrique Beau dormir.
Le restaurant s’appelle Sem Porta, sans porte, clin d’œil à Comporta. Splendide volume, luminaire en paille de riz, cuisine vitrine, cheminée pour l’hiver, terrasse pour l’été.

Oubliez les sardines grillées et la morue à la crème d’oignons. Ici, nous sommes dans la bistronomie portugaise. Les champignons en tempura nous rappellent que ce sont les Portugais qui ont fait découvrir la tempura aux Japonais au XVIème siècle qui depuis en ont fait un art. Au Portugal on continue à servir des "petits poissons du jardin", des haricots verts en tempura. Le carpaccio de veau oublie le thon pour un mariage très réussi avec du foie gras et du Moscatel, un vin doux de la région de Sétubal à redécouvrir, à une traversée de ferry au milieu des dauphins de Comporta. Et puis, comme partout, ne passez pas à côté des arroz, « riz avec ». Nous sommes ici au milieu des rizières, le riz aux fruits de mer de Sublime est d’une incroyable couleur donnée par les crevettes, d’une grande douceur, d’une incroyable délicatesse, c’est un plat de rois et de reines, rien à voir avec la paëlla, c’est un riz humide, mouillé par le jus iodé et parfurmé.

Riz aux fruits de mer (1)

Le service est adorable et décontracté, le temps passe doucement, le sommelier pourra vous parler des… trois cent cinquante cépages autochtones du pays, loin de la globalisation et de la digitalisation.
MIAM MIAM pour cette bonne table aux prix parisiens.

Attention, nous avons beaucoup ri en lisant les mésaventures d’une blogueuse venu découvrir ce paradis de l’Alentajo : il peut y avoir des moustiques, il faut absolument une voiture, il n’y a pas de boite de nuit (on dit encore cela aujourd’hui ?), et heureusement les enseignes que l’on retrouve partout ne s’y sont pas installées. Prenez des livres, faites du cheval dans les dunes, dormez, nagez, bronzez (il suffit de s’éloigner des plages aménagées pour se retrouver seuls au monde), découvrez des vins, la cuisine portugaise traditionnelle ou créative, on peut aussi ne rien faire et se retrouver…

Parce que quand on aime, on ne compte pas, ce sont deux dîners que nous avons dégustés chez Sem Porta.

Dîner N°1 :