Osteria L'Orto dei Mori - Venise : Depuis quand n'avez-vous pas mangé du foie de veau ?.... - Les bonnes tables (ou pas) de Jack et Walter

20 janvier 2015

Osteria L'Orto dei Mori - Venise : Depuis quand n'avez-vous pas mangé du foie de veau ?....

S’il est une chose agréable à Venise, c’est bien celle de se perdre volontairement, on monte et descend des escaliers, on traverse des ponts, on arrive dans des impasses, on fait demi-tour si on ne veut pas traverser un canal à la nage, on demande, on repart, et à la nuit tombée c’est encore plus drôle car Venise est une ville peu éclairée, la belle idée que voilà. C’est un peu par hasard - mais pas tout à fait car on nous avait dit que dans Cannaregio on trouverait quelques perles bistronomiques… - que nous sommes retrouvés en ce premier jour de l’année devant L’Orto dei Mori, juste en face d’un petit pont. Nous n’avions pas réservé, erreur. Mais avec quelques sourires et quinze minutes d’attente dans le vent glacial de ce début d’année, nous avons pu rejoindre les gourmands attablés, quelle bonne idée que ces Anglo-Saxons ont de manger très tôt… le deuxième service est pour les Latins !

L’accueil est ici chaleureux, on se souhaite la bonne année sans chichi et on suit les conseils de la serveuse à l’accent enchanteur, comment résister, va pour un vin blanc de l'AOC Breganze, la Vénétie produit aussi de jolis vins faciles à boire, parfum de pamplemousse et de mandarine, parfait avec un très bon frito misto. Parfait avec une brandade de morue à la Vénitienne, texture fine et parfum du Sud (elle est montée avec une huile de tournesol aillée, quelques filets d’anchois et surtout préparée à partir d’une morue séchée et salée… bain d’au moins vingt-quatre heures indispensable et cuisson au lait). Parfait également avec ces jolis gnocchi, tout petit, tout simple, sans s’embêter à les marquer à la fourchette, une sauce légumière verte et des coraux de Saint-Jacques dont on ne sait pas toujours quoi faire, voilà la belle idée.

En revanche, ce petit blanc ne saurait résister à la puissance d’un foie de veau à la Vénitienne ! Depuis quand n’avez-vous pas mangé du foie de veau ? On imagine déjà les cris effrayés et, ou, écœurés, horrible souvenir de la cantine scolaire ou d’une laide vitrine de tripier. Le foie est pourtant un mets délicat, à la texture si douce, une seule règle : le choisir le plus pâle possible, lisse et brillant. Les Vénitiens le découpent en petits morceaux et le préparent avec des oignons compotés, un léger parfum de sauge, un trait de balsamique… si en plus vous imaginez une polenta poêlée onctueuse et riche, vous voilà prêts à affronter l’hiver !

Les desserts sont bien mais pas mémorables (depuis que nous avons découvert le semi-freddo de Tholoniat dans le dixième arrondissement, nous sommes devenus intraitables sur le sujet …), mais le petit verre de grappa offert avec le sourire et toujours cet accent si charmant les fait oublier. Et voici le premier MIAM MIAM de l’année. Bravo aux Chefs siciliens Lorenzo (c’est bien un Chef qui continue à porter la toque en salle) et Micael qui assument de servir une cuisine simple et traditionnelle du moment que les produits sont irréprochables… et puis on semble si loin de la Place Saint-Marc ici !

Notre dîner :